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BOH Decoration & Lifestyle | ART & CULTURE
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Titulaire d’un DEA d’histoire de l’art – spécialité Art contemporain & Arts décoratifs – j’ai débuté ma carrière en tant que responsable de la collection d’un Musée d’Art contemporain – Le MRAC Languedoc Roussillon. La vie et les opportunités professionnelles m’ont fait quitter la fonction publique pour travailler dans le privé en tant que Directrice artistique d’un groupe hôtelier. Dès lors, je n’ai eu de cesse d’inclure des artistes dans mes projets, de travailler en collaboration avec eux pour des oeuvres in Situ, de monter des expositions.

Aujourd’hui j’accompagne les structures et les entreprises sur des projets culturels ou achat d’art. Selon vos besoins, je vous conseille, vous oriente et vous guide dans vos perspective de projets ou acquisition. Pour les artistes, je vous accompagne dans la réalisation de leur dossier d’artistes, je pose les mots sur leur travail. Avec une analyse critique d’historienne de l’art, ainsi qu’un travail d’écriture poétique.

ART WRITING

Léone Béguin, artiste multidisciplinaire se passionne pour les textures. Son travail, ancré dans la matérialité se joue de différents médias – Fibres naturelle, tissus et papiers anciens, grès, plâtre, béton et teintes naturelles – en les faisant dialoguer par des associations de textures en compositions abstraites. Son procédé est intuitif et sensoriel, et s’inspire principalement de notre environnement : des surfaces et textures naturelles façonnées par les éléments, au brutalisme inhérent aux paysages urbains avec toujours une notion de temporalité, de transformation, de beauté imparfaite.

Le travail obsessionnel sur les textures a emmené l’artiste à travailler principalement sur les matériaux et leur confrontation. Le processus créatif part toujours de l’exploration d’une matière, en travaillant ses limites et ses possibilités plastiques. Léone Béguin réalise elle-même ses propres teintures végétales et ses couleurs dans une démarche d’authenticité et de sincérité face à ses œuvres qui reflètent très nettement son langage créatif pluriel.

Les œuvres, se déclinent en travail sériel, résultante d’une expérimentation spontanée sur les textures et d’un esthétisme épuré et souvent monochrome.

Le séries « Fragments » et « Surface » ensemble de collages, est travaillée à partir de textiles et papiers anciens, usés et délaissés, portant les traces d’un passé disparu. Les compositions abstraites, extrêmement esthétiques et plastiques, en déclinaison de teintes naturelles, livrent au spectateur un premier regard tout en finesse et élégance, et dans un second temps, quand l’œil relève le niveau de détail, les compositions révèlent les traces d’usure, de suture et d’accidents formels volontaires mettant en lumière les fêlures de la matière, comme autant de cicatrices de la vie.

« Empreintes & Reliefs », est une série directement inspirée par la nature et la minéralité. L’artiste qui traque de façon obsessionnelle les empreintes des éléments – vent, eau, feu – dans les paysages, a travaillé à cette série de manière impulsive, laissant elle aussi une trace dans les matières.

Les œuvres, en aplats de plâtre et pigments naturels ou expérimentations végétales, sont ensuite travaillées en relief afin de laisser un nouveau paysage plastique apparaitre. Les accidents de la matière, craquelures, fissures, sont autant d’empreintes inattendues mais souhaitées, afin de rendre hommage aux éléments naturels.

Visuellement, il en résulte une force brute et sauvage où les accidents sculptés et imprévisibles deviennent des paysages contemplatifs.

« Chaque nouvelle œuvre est une aventure qui commence, un moment de totale liberté où le dessin de départ laisse souvent place à l’improvisation » 

Jean Marc Larhantec – Artiste peintre.

Autodidacte, créatif, volubile, sensible, curieux, désespérément amoureux de
David Bowie, des années rock et du cinéma de Lynch et Gondry ; telles sont, entre autre,
les qualités de Jean-Marc Larhantec.
De son nom, déjà, on devine; les paysages bruts de sa Bretagne natale, la solitude, les
côtes granitiques, la puissance, l’abnégation devant les éléments, la natation, l’eau, la
sincérité. De la géographie nait l’esprit. L’âpreté, le dentelé des côtes Brestoises, le choix
du secret qui cache au fond, une grandeur d’âme et d’humilité.
Solitaire. C’est ce qui pourrait éventuellement caractériser son enfance. Si tant est
qu’une enfance puisse être réduite à un adjectif.
Issu d’une famille classique, sans grande appétence pour l’art en général, il s’abreuve de
film et de musique dans la pénombre de sa chambre. Space Odyssée est une révélation.
Oui, il y a des gens qui savent créer. Il sera de l’un d’eux. C’est certain. Sa famille est
contre. Des études de cinéma ? C’est non ! Qu’importe, il ira quand même. Admis à
l’ESRA – il s’adonne à la réalisation, aux techniques de storytelling et de dessin. Il touche
aussi à la musique, joue dans un groupe de rock. C’est le temps des études, de la
découverte, dans un milieu où l’expérimentation est valorisée. Débute alors sa carrière
pro. Assistant réalisateur pour des clips musicaux, il passe ensuite à la communication et
la publicité. On est dans les années 90. Internet pointe le bout de son nez. Il saisit sa
chance et se retrouve propulsé, jeune et brillant créatif dans le milieu des grande agence
de com. S’en suit une course poursuite entre Paris, Londres, Marseille et Amsterdam,
entre gagner des concours, vivre vite, faire la fête, trouver des idées, surfer sur la vague
Web balbutiante, devenir associé, monter sa boite, remporter des marchés.
Et un jour, devenir père. L’envie de créer, s’installe. Les pinceaux refont surface et
sortent du placard où ils étaient consignés, faute de temps. Il teste, tâtonne, tente.
Change de cap ; sort du milieu vaniteux des chargés de « com » pour créer du concret :
c’est la période Hédonist Spirit. Jean Marc Larhantec lance avec succès une société de
spiritueux. Il fabrique, s’émeut de la réalité tangible de la création, fonde une famille,
s’installe à Bordeaux. Les enfants grandissent, son désir de peindre revient en force, et
puis il se sépare de la mère de ses enfants. Il faut parfois être bousculé pour s’autoriser à
être soi. Le temps désormais, il en possède. Privé de la vie de famille, la solitude revient.
Un jour, un élan le pousse à aller s’équiper. Il ressort de chez Boesner avec des dizaines

de toiles, des pinceaux, de la peinture. Rien n’est réfléchi ou calculé, il peint comme lui,
avec force et sincérité, par envie, par instinct. De ce moment, il ne s’arrêtera plus,
passant de formats moyens aux grandes toiles, éminemment prolifique, travaillant à une
série d’une quinzaine de toiles en 1 mois, se moquant éperdument de ce que les autres
vont penser, car ces œuvres n’avaient pas à l’origine la vocation d’être exposées, ni
même vendues. Un jour, il se fait découvrir, par hasard, par une connaissance qui passe
chez lui, et qui appelle une amie galeriste. C’est le début. Sa toute première exposition à
la galerie Pia-Pia aux Chartrons à Bordeaux, qu’il vit un peu hébété, comme si tout cela
n’était qu’un tour du destin ; il vend tout en 2 jours, c’est un succès immédiat.

Sa peinture est comme lui. Instinctive, intuitive et structurée.
Réminiscence de son passé de Directeur Artistique, Jean-Marc Larhantec travaille la
composition, les perspectives, les lignes de fuite… les œuvres sont d’abord construites.
Un fond est travaillé en aplat de couleur, généralement monochrome, sur lequel sont
disposées des figures géométriques. Cercles, triangulations, diagonales, espaces négatifs,
les formes structurent la toile, la fragmentent, lui donne vie, apportent de l’équilibre et
de la vitesse. Après avoir travaillé sa trame, vient l’instinct. Sensible, ce qu’il souhaite
avant tout, c’est susciter une émotion ; alors comme dans écriture automatique, il laisse
son inconscient parler à sa place, c’est la surprise du geste, des coulures, des pinceaux,
des éclaboussures. La libération du geste pictural, permet ainsi de développer dans ses
œuvres un lyrisme géométrique.
Au niveau formel, la trame du fond est travaillée à la truelle, la masse est compacte ;
peinture à l’acrylique et plâtre se mélangent, pour apporter de la matière, du relief, de la
densité organique ; et puis, plus on remonte à la surface de ses toiles, plus la couleur se
fait liquide, éclaboussée.
Œuvre dichotomique par excellence, construit/intuitif ; pleins/négatif ;
géométrique/organique, la polysémie des peintures de Jean-Marc Larhantec est
évidente.
Quand on analyse sa palette chromatique, on pense directement à la Bretagne de son
enfance : bleus nuits, noirs granitiques, kaki de la lande, gris de la grève, rehaussé par
ces touches de blancs, tels des paysages brumeux fantomatiques, rappelant aussi les
teintes des œuvres primitives de Soulages.

Fortement attaché à la pensée philosophique Constructiviste, cherchant l’harmonisation
des hommes et du monde, on se doit de l’inscrire dans cet héritage ; héritage qu’il vient
troubler par un élan pulsionnel dans l’action picturale spontanée, rappelant
irrémédiablement l’expressionnisme abstrait. Ses œuvres devenant ainsi, un trait
d‘union entre deux courants idéologiquement opposés dans l’histoire de l’art.

Mais plus que d’historicité, n’est-il pas plutôt question ici de musicalité ?
Profondément influencé par la musique, ses œuvres sont travaillées à la manière d’une
symphonie rock. Une ligne de base, une mélodie structurée que laquelle viendrait se
poser des notes dissonantes, comme un larsen qui bouscule une composition
harmonieuse. Pour preuve, l’utilisation d’un motif seriel : un bout de cercle, dont la
peinture est sillonné en coupure régulière, comme ratissée. Ne serait-ce pas là,
inconsciemment, la symbolique d’un vinyle ?
La création ex-niholo des œuvres de Jean-Marc Larhantec, est ainsi une analogie d’une
partition personnelle, subjective et intuitive.

Quand a l’intention, quelle est-elle ?
Je ne sais pas. Moi quand je peins, j’ai envie que les personnes qui voient mes toiles y
projettent ce qu’elle veulent. C’est ça que je trouve beau, la possibilité d’y voir des choses
différentes. Mais avant tout, j’aimerais créer quelque chose qui ressemble un peu à la vie. Il
y a des journées où c’est beau, c’est fluide, d’autre moments où il y a tout de même quelques
grincements par ci par là, mais la vie tout c’est de l’amour. Oui, je pense que c’est cela que
je veux donner. De l’amour.

Jessica Ballion-Ohana

Capturer la vie. Tel pourrait être l’ambition artistique de Nicolas Fontas. Non pas la vie idéale, d’une beauté platonicienne, mais la vie dans son essence même, non pas figée, mais imparfaite : brouillonne parfois, bancale souvent, sincère toujours A 16 ans, on lui offre en cadeau publicitaire un appareil photo argentique. Il prend ses premiers clichés, et le clic du déclencheur lui donnera cette première bouffée d’adrénaline qui ouvrira le pas sur des milliers d’autres. Artiste autodidacte, avec plus de 25 années de pratique, Nicolas n’a eu de cesse d’expérimenter, de tester, de saisir l’impalpable, de vouloir maitriser les accidents. Photographe de rue en recherche de vérité, il saisi des personnages, des villes, des paysages, et, par un savant mélange de technicité et de sensibilité, il immortalise les instants fugaces de passage et de vibration tangible.

La série Sans titre 2023, présentée ici, est composée de portraits en noirs et blancs réalisé avec un Leica Serie M 240 et d’un objectif 35mm en focale fixe. Ces clichés, saisis sur le vif ont été pris avec l’accord ou non parfois, du sujet. Dans sa quête d’absolue sincérité, c’est lors de ses déambulations urbaines que Nicolas Fontas tente de capturer les âmes de ceux qu’il photographie. Faust bienveillant, c’est la beauté des personnes qu’il tente de saisir par un brillant jeu esthétique. Les photographies, par leur apparente simplicité, sont en réalité révélatrice d’un travail approfondi grâce aux compositions impeccables, à un cadrage élaboré, un clair-obscur troublant et le jeu plastique des lignes de fuites.

La série Sans titre 2023, saisi l’humain dans la vitesse de nos sociétés contemporaines, tel un arrêt sur image, permettant au spectateur de se questionner sur ces personnages insaisissables : Qui sont-ils ? Où vont ils ? A quoi pensent-ils ?Le flou au cœur de la composition, devient presque le sujet de l’œuvre en elle-même, tel un strident larcen visuel percutant nos yeux, permettant de figer un instant plus long que le déclencheur ; cette temporalité visuelle, nous offre un moment de temps dans une image, comme encapsulé, et l’œil du spectateur, porté sur ces photographies, ne peut que refléter alors, la vibration intérieure de celui qui les regarde.

En choisissant délibérément le flou comme un témoin de l’immanence des êtres ainsi que de leur versatilité, Nicolas Fontas, technicien et plasticien, nous confie ici, avec cette série dont l’esthétique formelle a plus attrait à la peinture qu’au photojournalisme, un regard graphique, sensible et poétique sur nous-même.

Peintre du regard. Telle pourrait être la définition de la pratique artistique de Johann Milh. Car qu’est-ce qu’une œuvre, sinon le reflet de celui qui la regarde ? 

Questionnant les images, les représentations, Johann Milh nous offre au fil de son parcours artistique une œuvre dense, à la recherche constante de diffraction, de dérivation du regard. Ses paysages, à l’esthétisme léchée, semblent de prime abord paisibles, tel ce coucher de soleil, image classique d’une fin d’après midi à la plage, mais en réalité, est-ce cela dont il est question ? N’est-ce pas au contraire la menace de la fin du jour, où les ombres nocturnes nous envahissent ? 

L’immense sincérité et sensibilité de l’artiste, se retrouvent dans son geste pictural qu’il nous offre sans fard, tantôt parfaitement exécuté, propre et net, et tantôt fort et expressif, empreint de matérialité tangible de la peinture, où coulures et salissures ont leur place comme dans la vie, où nos parts de joies et de souffrances se côtoient, dans toute l’ambivalence et la nuance de l’âme humaine. 

 

Johann Milh nous présente ici deux nouvelles œuvres, Sans titre, comme pour mieux nous inviter à y projeter le paysage de nos songes. 

(Texte écrit dans le cadre d’une exposition collective aux Vivres de l’Art)